Ca y est, le "conseil" s'est réuni. Nous avons statué sur trente cas de secondes, pour certains difficiles, et tous différents. Le conseil s'est prononcé en faveur de huit redoublements, huit passages en 1ère S, quelques passages en 1ère ES, un en STAV, d'autres en STG, et trois réorientations en filières professionnelles. Deux heures et quinze minutes plus tard, c'était bouclé.
C'était bouclé. Ca. Ca, c'est l'avenir de trente gamins qui ne savent pas trop quoi faire de leur peau dans les mois qui viennent, et qui laissent les adultes trancher entre leurs différents souhaits. Cela donne lieu à de véritables débats, où finalement c'est surtout la personnalité de chaque professeur qui apparaît. La prof d'espagnol, la trentaine, a déjà perdu toute illusion sur la capacité des élèves à nous surprendre, à réussir malgré leurs difficultés parfois profondes. Le prof d'histoire, la cinquantaine, incurable optimiste : lui a cette foi en les élèves, à qui il accordera souvent sa confiance. A quoi bon redoubler ? Si tel élève souhaite tant aller en première S, pourquoi l'en empêcher ? Oui, ses résultats sont un peu justes, oui, il travaille une fois tous les quinze jours. Mais peut-être que ça va marcher, pour lui.
Et me voilà à me demander qui je suis pour lever la main et voter contre le passage de C******** en première ES. Peut-être qu'après tout, si je n'avais pas levé la main, si je lui avais laissé le bénéfice du doute, cette chance d'essayer, tout se serait bien passé pour elle.
Peut-être.
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